Découverte du ZAWP Bilbao par Nicolas André, étudiant de 3ème année :
6h20, sur le trottoir de la place Gambetta, Bordeaux. Une foule se rassemble dans l’obscurité du jour naissant ; des étudiants, des professionnels du numérique, des responsables de la Mairie de Bordeaux. La tête entre les rêves proches et la fraicheur piquante du matin. Les deux bus affrétés pour l’occasion se garent et absorbent l’attroupement. Le soleil pointe à 7h23, l’autoroute défile, je replonge dans un rêve. Aux alentours de 9h30, nous faisons escale sur une aire de repos ; de quoi prendre une dose de caféine en dose respectable préparant mon cerveau à cette journée qui s’annonce bien remplie. Vient le passage de la frontière. Notre maître de cérémonie, j’ai nommé : Antoine Bidegain, s’improvise guide touristique entre deux discours sur le déroulé de la journée. J’intègre mon groupe, en charge de l’histoire du lieu et du ZAWP.
Nous foulons la terre promise aux environs de midi. Deux trains - un rouge et un bleu - nous attendent pour entamer la visite des lieux. Un premier contact précipité avec les membres du ZAWP me permet d’associer des visages sur notre objet de découverte ; dépêchons, nous avons ¾ d’heure de retard !
Par un portail en acier brut, les wagons pénètrent dans la friche. J’ai un sentiment d’abandon aux regards de ces entrepôts titanesques, des arbres enracinés entre les fissures des dalles de bétons couvrant le sol. Les hauts parleurs crachent en espagnol puis en français l’histoire de la presqu’île. Les gens vivaient ici, travaillaient ici ; aujourd’hui, plus rien, seuls des murs et des toits.
Au cours de cette heure passée entre les pavillons désaffectés, j’entrevoie l’esprit et l’engouement de l’association pour ce patrimoine industriel voué à la réhabilitation. Terminus face à une passage large de plusieurs mètres, dominé par un baraquement simple. Nous arrivons sur une place aménagée d’un salon extérieur issu d’un savant recyclage de palettes ; les murs, quant à eux, sont peints de tags appliqués, je dirais esthétiques.
Manu, créateur et penseur de l’Haceria nous accueille dans un pavillon rénové récemment. Le buffet est dressé sur un côté de l’immense espace de ce dernier. Je profite de cette pause pour échanger mes premières impressions avec des gens, connus ou non.
À 15h, nous sommes invités à rejoindre nos groupes de travail. Les professionnels sont mélangés pour des ateliers de co-working ; nous autres, étudiants, profitons d’une visite détaillée des lieux et des raisons qui ont poussé Manu à créer l’Haceria en 1997. Je cerne à cet instant l’enjeu d’une telle action. Les idées, la motivation qui font du ZAWP une base solide pour la création et le développement d’un univers créatif et entrepreneurial. Je retiens la phrase de notre guide Jon : "Nous ne voulons pas qu’il arrive ici la même chose que dans le quartier du Guggenheim. Il y a quelques années, ce quartier était une friche industrielle. Comme le Zorrotzaure, les institutions ont décidé de sa réhabilitation, ils ont construit un quartier neuf à la place de l’ancien. L’Europe entière félicite cet acte, pourtant les gens qui vivaient là bas, qui ont connu le quartier avant, ne se reconnaissent plus dans cette évolution".
À l’issue de cette visite, notre groupe investit un pavillon dédié au co-working pour éplucher les ressources documentaires mises à notre disposition ainsi que les enregistrements audio des différentes prises de paroles des représentants de l’association. En deux heures de déchiffrage et de retranscription, nous cernons de façon simple l’histoire du quartier et de l’association. Précipités par le retard pris au cours de la matinée, nous ne pouvons terminer le rendu in situ afin d’assister à la présentation des groupes de professionnels bordelais et bilbainos. Aveuglé de flashs, je propose à Antoine Bidegain de récupérer les photos de l’événement auprès des participants ; après une courte intervention auprès des généreux photographes de la journée, plus de 200 photos sont en lignes sur le site du ZAWPBX.
Peu après 18h, le troupeau bordelais s’engouffre dans le métro de la ville basque. L’humeur est à la décontraction en direction du centre ville. Nous trouvons refuge sur une place bordée de bar à tapas plus typiques les uns que les autres.
Aux alentours de 21h, Antoine Bidegain, chef de file infatigable, nous conduit au point de rendez-vous avec nos dortoirs roulants. Plus de cinq heures de bus, pour terminer notre course à moins de 50 mètres de notre point de départ. Une belle boucle. La tête pleine d’images, de témoignages et de riches leçons, j’entame le dernier kilomètre à pied avant de m’effondrer sur mon oreiller.